dimanche 15 juillet 2012

Traumatisme

Mentir, baiser, mourir. Il venait d'être défendu d'entreprendre autre chose. On mentait avec rage au-delà de l'imaginaire, bien au-delà du ridicule et de l'absurde, dans les journaux, sur les affiches, à pied, à cheval, en voiture. Tout le monde s'y était mis. C'est à qui mentirait plus énormément que l'autre. Bientôt, il n'y eut plus de vérité dans la ville.
Le peu qu'on y trouvait en 1914, on en était honteux à présent. Tout ce qu'on touchait était truqué, le sucre, les avions, les sandales, les confitures, les photos ; tout ce qu'on lisait, avalait, suçait, admirait, proclamait, réfutait, défendait, tout cela n'était que fantômes haineux, truquages et mascarades. Les traîtres eux-mêmes étaient faux. Le délire de mentir et de croire s'attrape comme la gale.


Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932.

samedi 7 juillet 2012

Obstacle 3 : le Tour de France


La troisième épreuve s'est pointée plus vite que prévu. Tellement vite que je n'ai pas eu le temps de vous raconter la deuxième, mais soit.

Après seulement 37 minutes de pénibles déhanchés, mon petit doigt me dit : "tu t'es planté, mauvaise graine, tu pédales dans la direction opposée !".

Ni une, ni deux, ni trois, ni quatre d'ailleurs, je me mets à pédaler dans le sens horlogique - à condition d'observer le profil droit de ma bécane (je précise parce que si on s'y était pris de l'autre côté, on aurait dit "dans le sens anti-horlogique", sens dans lequel je pédalais jusqu'ici, évidemment). De toute façon, que les "anti" soient de gauche ou de droite, ils tournent à l'envers.

Bref, je pédale à l'endroit et constate immédiatement que ça marche beaucoup mieux. Enfin, façon de parler, parce qu'il s'agit bien ici de rouler à vélo. Fieu.