mardi 17 septembre 2013

Le bonheur parfait

Cette idée qu'il n'y a plus de bonheur parfait.
Qu'il n'y a plus rien à voir même à la fin de la nuit.
Que l'idée du danger ne chatouille plus vraiment.
Que le monde autour n'est pas très important.
Que même le sexe est devenu fatigant.
Qu'un travail de rêve n'est pas plus excitant.
Que je suis seul au monde avec tous ceux qui m'aiment.
Qu'ils voudraient me faire croire que je suis resté le même.
Que je pourris déjà, le sourire oblique.
Que tu méritais mieux qu'un poteau électrique.
Que ton souvenir me ronge jusqu'au dernier fusible.
Que ton rire me transperce comme une lame invisible.
Que je me hais tellement, un peu comme tes parents.
Que tes amis me saluent mais en serrant les dents.
Que les meilleurs des miens font mine que tout va bien.
Que les gens m'agacent avec leurs vies heureuses.
Qu'elle m'a dit ce matin qu'elle n'était plus amoureuse.
Que j'ai beau hurler, tu n'entendras plus rien.
Que mes souvenirs de gosse me font un mal de chien.
Qu'à l'époque, j'avais encore le droit de décevoir.
Qu'à l'époque, si je voulais, je pouvais tenter pour voir.
Qu'à présent j'essaie d'être une meilleure personne.
Que j'ai fini d'attendre que quelqu'un me pardonne.
Que tous les pardons ne suffiront jamais.
Que je ne sais même pas si tu reposes en paix.
Cette idée qu'il n'y a plus de bonheur parfait.

mardi 4 juin 2013

La révolution jaunâtre

Cela faisait un moment que l'actualité, les guerres et la PlayStation les avaient dispersés, éloignés de leur véritable combat.
Aujourd'hui, l'heure est venue de prendre le porte-voix, de chausser les sandales, de faire peur aux enfants avec des barbes trop longues et de brandir les drapeaux vert et rouge.
C'est la révolution jaunâtre, couleur morve grippale.

Fils et filles de soixante-huit-attardés.
Les pourfendeurs du mal universel. 
Les altermondialistes. 
Les décroissants. 
Les marxistes illettrés.
Les verts exaltés.
Les auto-suffisants suffisants.
Les indignés bien nés.
Et gare à celui qui viendrait à les critiquer : ils sont hors d'atteinte parce qu'ils ont raison. 
Simplement.
Ils sont capables d'évacuer leurs lucides déjections avec l'eau du puits pour ne pas gaspiller celle de la ville.
Intolérants aux rayons de supermarchés, ils préfèrent ceux du soleil qui alimentent leurs potagers collaboratifs - c'est urbain -.
En vrais top chefs du froid - le contraire eut contribué au réchauffement climatique -, ils exècrent le muscle mort et leur préfèrent les salades de pousses amères cultivées à domicile.
Coutumiers de la grande manipulation, ils se méfient de tous jusqu'à voir en Eva Joly le chantre d'un capitalisme déguisé en courgette bio.
Capitalisme qu'ils confondent presque toujours avec libéralisme et développement, parce que c'est le mal. 
D'où la symptomatique crise d'adulescence qui vaut toujours à leurs parents - à qui j'en veux davantage - une volée de bois vert sur leur effroyable trahison aux vraies valeurs. 
Riches de leur révélateur tour du monde en low-costs, ils essaiment leurs leçons au gré de leurs discussions de comptoir avec les fils et filles de l'ennemi, désignés comme tels dès qu'ils portent une chemise. 
Les cols, qu'ils soient blancs ou bleus, c'est comme l'économie, il faut les combattre.
Dans leur vocable fleuri, les mots  "évolution", "réforme" et "ajustement" ont laissé leur place à "révolution", "rupture" et "mutation".
Mais le génie politique du mouvement a cela de génial qu'il n'a rien de politique.
Le militant jaunâtre est aussi soucieux du collectif qu'un parachutiste nazi accidentellement débarqué sur Tel-Aviv.
Il s'alarme tout seul et se soulage la conscience en se masturbant sans s'essuyer.
C'est l'argument papier.
Le révulsé de l'individualisme capitaliste propose pour le remplacer l'individualisme héritier.
Bien assis sur 250 ans de pollution industrielle, deux guerres mondiales résolues par les bombes (et les méchants Américains) et une sécurité sociale tributaire de la consommation.
Tant pis pour les Chinois et tous leurs copains en voie de développement, ceux-là n'ont qu'à ralentir en attendant que nous décroissions.
Ils n'avaient qu'à mieux capitaliser sur la découverte du papier.
Wait...

jeudi 24 janvier 2013

2:00

Avoisinant mes voisins, j'ai pensé en pensant que l'écriture d'un nouvel écrit neuf ne ferait de mal, voire ferait du bien, à personne si ce n'est à tout le monde. En plus de mots qu'il ne faut pour l'écrire, je m'apprête - et suis désormais prêt - à balancer de gauche à droite - bim, bam, bim - toutes les saloperies - à moins d'en avoir oublié une...tiens, je ne sais plus maintenant, ou était-ce un peu plus tard ? - qui ne valent absolument pas, mais relativement bien, la peine d'être entendues à défaut d'être lues. L'éclair d'inspiration vient de s'éteindre à l'instant. J'ai les yeux rouge et bientôt recouverts d'un monosourcil pas dégueulasse.