samedi 30 avril 2011

Le journal à chier #1, avant-projet

Bonsoir et bienvenue dans cette première édition du journal à chier.

Au sommaire cette semaine :

L’embargo sur la Tunisie n’a pas convaincu le Premier ministre qui s’est fendu d’un communiqué dont le contenu est parfaitement aléatoire, je cite : « la crise du budget que connait le pays depuis le début nous rapproche inévitablement de la fin ».

Au Japon, on se demande si l’état d’urgence est encore une priorité au regard du prix des légumes. Plus tard dans ce journal, nous tenterons de répondre à la question : « la catastrophe nucléaire, stop ou encore ? »

En France, les étudiants continuent de manifester contre le pouvoir d’achat, qu’ils disent totalitaire et aliénant. À défaut d’avoir compris leurs revendications, la classe ouvrière leur a également emboîté le pas puisqu’ils ne sont « pas contents ».

Belgique enfin, où nous apprenons à l’instant qu’on ne peut plus parler de Belgique justement, mais de Belle pour les francophones, ou de Gik pour les Flamands. En effet, le comité de la branlette nomenclaturale, dit « les négociateurs », s’est penché sur l’ensemble des problèmes non-prioritaires afin de déterminer comment appeler ce qu’on ne peut plus appeler un pays. Il a tranché en deux.

Tout de suite, la section "regard d'un autre oeil jeté au hasard d'un nouvel angle" qui jettera un nouveau regard sur une autre manière de voir comment faire d'un connard... un canard. Reportage.

mardi 5 avril 2011

À quoi sers-je?

Aurait pu demander Gainsbourg, mais pas Lama, par exemple.

En ce qui me concerne, j'ai bien peur de ne pas le savoir.

Le mot d'ordre du quotidien libre et belge "comprendre, c'est déjà agir" aurait tendance à me rassurer, a priori. C'est vite dit. Parce que plus j'essaie d'approcher la terrifiante nébuleuse médiatiquo-politique de notre triste monde, plus je m'y perds, et il parait que c'est bien normal.

Alors quoi? J'arrête d'essayer, et je me suffis à moi-même, médiocre existence humaine égoïste et curieuse de rien? Pas question, je mourrais d'ennui, ou alors je prendrais des drogues, ou je jouerais à World of Warcraft...ou je serais militaire. Non, je veux comprendre, je veux participer. Mais par où commencer? Aaah!... Les lignes de front ne manquent pas (je m'emploie à présent à la rédaction du paragraphe à clichés pour susciter l’approbation du lecteur, forcément conquis par la dénonciation de l'une ou l'autre des insupportables absurdités qui gangrènent l'humanité, parfois même depuis le premier coït de son Histoire) :

"L'Afrique noire meurt de faim et je ne termine pas mon assiette;
Le pétrole, c'est dangereux pour la santé;
Tuer quelqu'un, c'est s'exposer à d'immenses complications judiciaires et financières pour le reste de sa vie, mais tuer des milliers de gens, ça va encore;
Bush est un connard;
Le capitalisme, c'est bien;
La culture populaire est un oxymore;
Je n'ai jamais plu aux filles mais je suis intelligent et manipulateur, alors je porte un bonnet en forme de téton et je justifie la guerre sainte en remuant les bras;
Le pouvoir d'achat, ça n'existe pas;
L'inceste, ça fait des personnes handicapées;
Le cancer est une saloperie;
L'éthique est l'apanage de la gauche;
La pédophilie est encore le dernier argument des partisans de la peine de mort, mais elle est largement pratiquée dans l'institution la plus respectée des "gens biens";
La mondialisation me fait peur alors je marche en sandales et je mange des carottes pour sauver la planète;
Le profit n'appartient qu'à la droite;
Le 11 septembre est un complot;
J'invoque la Shoah pour me soustraire aux critiques de ma politique coloniale et raciste;
Fumer des joints, c'est manquer de respect à son propre corps et aux richesses qu'il renferme;
Je jure devant Dieu que je ferai de ce pays une puissance moderne et progressiste;
On n'a pas le droit de laisser une poubelle à nos enfants;
Si j'ai un peu d'argent et que je travaille beaucoup, je paie beaucoup d'impôts, si j'ai beaucoup d'argent et que je travaille peu, je ne paie pas beaucoup d'impôts;
La majorité des dealers sont noirs et arabes;
À compétences et statuts égaux, les femmes touchent 30% de moins que les hommes;
Sauf tsunami, le nucléaire est notre meilleure chance;
Le débat sur l'identité nationale est une priorité;
L'impérialisme culturel américain va tuer nos identités locales;
Les homosexuels sont des pédés;
La convergence numérique, c'est plus pratique;
Ton régime ne me convient pas, donc mange des F-16;
Le capitalisme, c'est mal;
J'ai peur de perdre mon identité religieuse alors je porte une barbe et je fais sauter des autobus remplis d'enfants;
Le sida, c'est comme le cancer, c'est une saloperie;
Les nano-technologies, c'est notre perte ou notre salut;
La Chine va tout niquer;
..."

Voilà ce qui me passe par la tête pour illustrer en vrac les vrais problèmes, les faux combats, les vraies conneries, les vérités qui dérangent et les idées fausses. Maintenant, la difficulté, c'est d'identifier ce qui vaut la peine d'être défendu et ce contre quoi il faut lutter. À ce petit jeu-là, je suis immédiatement prisonnier de la plus insupportable des évidences : je doute. Suis-je parce que je doute? Pas si sûr!

Le doute m'a enlevé ce qu'il me restait du courage de l'époque où je montrais mes fesses au professeur de religion. Qui suis-je aujourd'hui pour affirmer que la religion, c'est mal? Le doute me donnerait presque envie de réapprendre le flamand. Le doute m'a éloigné de l'appât du gain, mais il me rapproche aussi sûrement du chômage, dont les rouages m’apparaissent plutôt douteux. Le doute m'a privé de toutes les manifestations, de tous les slogans, de toutes les passions, de toutes les communautés, de toute...identité?

À quoi sers-je?