samedi 3 décembre 2011

Pamphlet

La veille, c'était à peu près le Grand Soir sous le chapiteau des révoltés. Il lui avait dit en espagnol ses meilleurs slogans dans l'oreille, ses clichés sur la vie et la mort, son goût pour les choses vraies, le mensonge des banques, le complot des puissants. Il lui avait raconté son expérience bio, sa haine des chairs animales et des gaz d'échappement, ses sensations dans ses sandales et son acuité visuelle en net progrès, qu'il devait certainement au régime de carottes entamé quelques semaines plus tôt. Mais dès vingt heures, il n'était déjà plus capable de poursuivre son prêche. Il avait perdu ses hémisphères, à gauche et à droite, entre deux lampées de mauvais vin. Ce n'était pas très grave, elle n'avait rien compris parce que Zaz chantait un peu trop fort qu'elle aussi, elle avait une fée chez elle. Une fée du logis que ses parents désœuvrés avaient fini par envoyer vers l'ouest, sans grand espoir de revoir un jour la couleur de l'argent. Mais comme on dit en polonais : "on ne sait jamais". Au mieux, elle ramènerait ses titres-services. Toujours est-il qu'après quarante-sept longues minutes de logorrhée libertaire, il n'avait plus de voix. Alors ils se sont échangé des cris d'animaux pour entretenir leur comédie humaine.

Victor et Julie sont indignés.

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